COMMUNIQUÉ DE L'ASSOCIATION ELIN CONTRE L´EXPULSION "EXPRESS" DES
116 IMMIGRANTS ET RÉFUGIÉS DE CEUTA AU MAROC, LE PASSÉ MERCREDI 22 AOÛT 2018
Ce qui s'est passé cette semaine à Ceuta
est un nouvel épisode de cette guerre des expulsions et des violations des
droits dans une Europe de plus en plus renforcée, qui maintient et améliore ses
relations avec des pays où la répression et le mauvais traitement des personnes
migrants terminent avec leur vie.
Un total de 116 personnes, qui avaient
réussi mercredi à entrer à Ceuta, ont été renvoyées dans moins de 24 heures, au
pays voisin dans le cadre de l'accord de l'année 1992 par lequel le Maroc "accepte
le retour de ceux qui sont entrés irrégulièrement par son territoire." Il
s'agit de une opération extraordinaire puisque ce pays refusait d´appliquer
l'accord bilatéral avec l'Espagne - sauf dans certains cas comme celui des îles Chafarinas ou l'île du Persil.
Il s’agit d’une opération extraordinaire
qui a étonné et indigné tous et toutes ceux qui dénoncent, jour après jour, ces
politiques migratoires qui provoquent le désespoir, la misère et la mort, et qui
servent d'exemple pour d'autres frontières européennes. C'est une mesure prise
par le Gouvernement socialiste, le même que, il y a quelques mois, étant dans l'opposition,
avait proposé de mettre fin avec les "retours chauds" et enlever les
"concertinas" (fils barbelés) des barrières de Ceuta et Melilla. Il
nous semble une manipulation de la citoyenneté, ayant des conséquences
dramatiques pour les personnes migrantes et réfugiées.
Nous sommes très préoccupés par le fait
que cette pratique puisse devenir une pratique systématique car:
- Ces
personnes ont été renvoyées alors qu'elles se trouvaient déjà à Ceuta, sur le
territoire espagnol, en particulier au CETI, où ils avaient commencé à être
inscrits, à recevoir nourriture, à avoir accès aux douches et à y être
installés.
- Les
mineurs potentiels n'ont pas été identifiés ainsi que les possibles sollicitants
de protection internationale.
- L'assistance
des interprètes de langues africaines n'a pas été garantie et, par conséquent,
le droit d'être entendu.
- En
outre, l'accès des personnes renvoyées devant les tribunaux n'a pas été garanti
et le document de prise en charge de chaque personne retournée n´a pas été
envoyé en Espagne.
Nous savons que le Maroc n'est pas un pays
sûr et qu´il ne garantit pas les droits des migrants. Ces dernières semaines,
nous avons tous et toutes été témoins des raids promus par le Maroc, suite à la
promesse faite par l´UE de lui envoyer de nouveaux fonds financiers. Ces opérations
ont causé la mort au moins à deux jeunes, dont un mineur.
Dès l’Association Elín, organisation qui
accueille et accompagne les immigrés et les réfugiés qui arrivent dans la ville
de Ceuta depuis près de 20 ans, nous voulons exprimer notre rejet total et
notre indignation devant cette pratique absolument arbitraire et hors de toute
légalité. Compte tenu de ces faits, nous voulons exprimer ce qui suit:
- Que le gouvernement ne mente plus: même
s´ils ont appliqué l'accord signé avec Maroc en 1992 - accord qui viole les
traités internationaux sur l'immigration
et l´asile - il est impossible de compléter les procédures nécessaires en moins
de 24 heures en sorte qu´elles soient faites avec des garanties légales. C´est
ainsi que le Collège d´Avocats de Ceuta est en train de le manifester; nous les
soutiendrons dans toutes leurs initiatives.
- Nous appelons les médias: vous ne pouvez pas concentrer toute l´attention
sur les migrants et les réfugiés en parlant uniquement de leur
"agressivité", ou les traiter comme s'il s'agissait d'une "armée
envahissante". CE N'EST PAS LA VERITE. Nous savons que ces personnes
souffrent quotidiennement la violence des mafias, des forces de sécurité
marocaines et espagnoles et, indirectement, la violence de la barrière
elle-même, arrivant parfois jusqu´en mourir. Mais nous soulignons que la
principale violence qu’ils doivent supporter est celle de la politique migratoire
de l’Espagne et de l´Europe, qui empêche tout accès légal aux citoyens des
pays du Sud sur le territoire européen, en se basant presque exclusivement sur
les contrôles des frontières, ce qui a par conséquence la mort de milliers de
personnes aux portes de notre continent.
- Qu´on
travaille de manière particulière pour défendre
les droits des personnes, des mineurs, des réfugiés et / ou des victimes de la
traite parce qu'ils sont les plus vulnérables. Pour cela, il est impératif
d´accomplir scrupuleusement la légalité dans le processus d´accueil une fois
que ces personnes arrivent sur le territoire espagnol.
L'Association Elín encouragera et
soutiendra autant d'initiatives que nécessaire, en collaboration avec d'autres
organisations sociales et avec la citoyenneté en générale, pour montrer leur opposition totale aux "expulsions express", commandées par le gouvernement espagnol en partenariat
avec le Maroc, puisqu´elles violent foncièrement les droits fondamentaux et les
accords internationaux des personnes migrantes et refugiées.
A
Ceuta, le 24 août 2018
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